Jeudi 31 octobre 2002
La fémis, Paris
L’Escale de Guinée
1987, 57 min, 16 mm
J’ai passé six mois en Guinée (Conakry), entre février et juillet 1986. Objet nomade, j’y ai tourné, seule, en super 8, des éléments de la vie des gens et des fragments de la mienne. C’était deux ans après la mort de Sékou Touré, et le pays, après deux décennies de fermeture et d’exclusion, était comme resté abandonné dans le temps. Le film n’est pas un documentaire sur la Guinée, pas plus qu’un journal de bord, il est la conjugaison du voyage et de la mémoire, du regard de l’exilé volontaire et de la vie qui mène son train.
Sous le ciel lumineux de son pays natal
2001, 48 min, 16 mm
Ça se passe à, dans, sous, à travers les trous de Beyrouth, ses béances flottantes, dans la poussière de ce qu’il en reste, restait, car c’est du passé ce Beyrouth qu’on voit, du passé récent, filmé en 95, avant que le centre ville effondré par la guerre ne soit arasé et reconstruit. Trois filles invisibles comme des esprits, planent sur leur ville dont le ciel lumineux nimbe les souvenirs ; elles rôdent et parlent. Par les histoires que tracent les arroseuses de ruines qui semblent verser des larmes, les machines qui grignotent les décombres des splendeurs en lambeaux, la poussière rétive au balayage, les enfants qui font des bombes dans la mer, contre ces blocs carcéraux d’un avenir déjà présent et destructif, leur parole monte à l’assaut du temps et de l’histoire. Les rêves réalistes de jeunesse militante, pulvérisés par l’enchaînement de catastrophes mal manigancées, se redessinent, se désirent, autrement et sans édulcoration.