Vendredi 22, samedi 23 et dimanche 24 mai 2015
Galeries Cinéma, Galerie de la Reine, 26, 1000 Bruxelles
Depuis sa création en 1998, le collectif pointligneplan répertorie, diffuse et édite des films situés au croisement du cinéma et de l’art contemporain. Ainsi, depuis 15 ans, ce sont plus de 200 auteurs qui ont pu présenter leurs films au public. Cette année, pointligneplan et Thalie Art Foundation proposent une programmation de films d’artistes européens influencés par le Japon et ce, en dialogue avec l’exposition Wabi Sabi Shima que la fondation organise au H18 à Ixelles du 23 avril au 24 mai 2015.
L’influence du Japon, depuis le japonisme à l’ère Meiji, semble toujours aussi importante chez les artistes français actuels. De Chris Marker à Sophie Calle et, surtout, depuis la génération Dominique Gonzalez-Foerster, Pierre Huyghe, Pierre Joseph, Ange Leccia, Philippe Parreno et Marie-Ange Guilleminot, beaucoup d’artistes français tentent l’expérience japonaise dans leur carrière et y reviennent. L’attractivité de ce pays pour ces artistes semble résider à la fois du côté de l’hyper-modernité mais également dans un désir de préservation des savoir-faire et des traditions. Ces créateurs français s’inspirent du Japon pour donner une réponse adéquate aux enjeux de la globalisation qui nous éloignerait de notre identité.
Les films présentés sont pour la plupart réalisés au Japon durant un séjour à la Villa Kujoyama à Kyoto, l’équivalent de la Villa Médicis. Ils donnent à découvrir cette fascination qu’exerce le pays du soleil levant chez des artistes comme Candice Breitz, Judith Cahen et Masayasu Eguchi, Cédrick Eymenier, Jean Charles Fitoussi, Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia, Idrissa Guiro et Mélanie Pavy, Cécile Hartmann, Romain Kronenberg, Christelle Lheureux, Christian Merlhiot et Philippe Terrier-Hermann.Les séances seront suivies d’une rencontre avec le/la/les réalisateur/trice(s).
Vendredi 22 mai 2015 à 20h
Executive Partner
Philippe Terrier-Hermann
1998, 10 min, vidéo, japonais sous-titré anglais et français.
Executive Partner présente une discussion téléphonique entre une femme d’affaires japonaise et un homme dans un train. Un double plan fixe mélange les esthétiques toutes faites de la sitcom et du film d’entreprise, et dont on ne parvient pas à comprendre s’il s’y joue une rupture amoureuse ou une crise financière. Un mélodrame capitaliste.
Cendres
Un film de Mélanie Pavy et Idrissa Guiro
2013, 75 min, vidéo, japonais sous-titré français
Cendres est une bouleversante traversée entre la France et le Japon, entre les années soixante et aujourd’hui. Les cinéastes ont accompagné au plus près le périple d’Akiko, partie déposer les cendres de sa mère Kyoko dans son pays natal, près d’Hiroshima. Dans ses bagages, un autre héritage : le journal intime de sa mère, et les images des films dans lesquels elle apparaît. Le documentaire retrace avec intensité et délicatesse ce trajet initiatique d’Akiko, écrivant là avec elle un autre journal intime, celui d’une franco-japonaise qui se réapproprie son histoire et celle de sa mère. Pour mieux renaître de ces cendres.
Vendredi 22 mai 2015 à 22h
La Naissance du monde
Un film de Romain Kronenberg
2009, 14 min, vidéo, version internationale
«C’est au Japon lorsque je résidais à la Villa Kujoyama, perchée sur les hauteurs de Kyoto, que j’ai réalisé les images qui composent le film La naissance du monde. Chaque image a été tournée depuis la Villa même. Le spectacle du cycle des jours, j’en étais l’observateur régulier. Avec la caméra, je filmais sans l’idée d’un film. Et puis est né le désir de construire sur la base de ces images un récit, celui de la naissance de la lumière, du presque rien de la nuit jusqu’à l’éclat de la nature dans la lumière neuve. Ce lever du jour, comme me l’avait inspiré Paul Valéry, pouvait être la naissance d’un monde où il serait possible de rejouer sa vie, de la ramasser pour la projeter vers une perspective plus large.» (Romain Kronenberg)
Île de beauté
Un film d’Ange Leccia et Dominique Gonzalez-Foerster
1996, 70 min, 35 mm, version internationale
En 1985, un personnage solitaire défini par son seul regard se déplace entre deux îles : la Corse et le Japon. Réalisé à partir d’un ensemble de prises de vues « caméra subjective » tournées en vidéo par Ange Leccia, scénarisées par Dominique Gonzalez-Foerster, Île de Beauté est un long déplacement du regard qui laisse beaucoup de place au spectateur.
Samedi 23 mai 2015 à 20h
Aiwa to Zen
Un film de Candice Breitz
2003, 11 min 30 s, vidéo, version internationale
« Au cours de ma première visite au Japon en 2002, j’ai mis par écrit tous les mots japonais que je connaissais avant de partir. Ce maigre vocabulaire d’à peu près 150 mots que je suis parvenue à rassembler avait presque exclusivement rapport à un Japon exotique ou imaginaire, ou un Japon prêt à consommer: la cuisine japonaise, le Japon dans la guerre, la pop culture japonaise, les mondes de la mode et de l’art japonais et, de manière écrasante, des douzaines de noms de marques japonaises. J’ai demandé à cinq personnes parlant japonais d’improviser une série de scènes de la vie quotidienne en utilisant uniquement mon japonais très primaire pour étrangers. » (Candice Breitz)
L’Expérience préhistorique
Un film de Christelle Lheureux
2003-2015, 80 min, vidéo, français
Interprété en direct par Laura Tuillier
«Ce projet est inspiré de la bande son du premier film parlant de Mizoguchi tourné à Kyoto en 1936, Les Soeurs de Gion. Cette bande son a guidé la mise en scène d’un nouveau film tourné à Kyoto en 2003 : un remake de la même longueur, suivant le même découpage et le même nombre de personnages. Dans ce film, les comédiens amateurs incarnent l’histoire et les dialogues de la bande sonore de Mizoguchi. Puis cette bande son a été retirée, faisant place à un film muet où les personnages contemporains se retrouvent comme des pantins en attente de voix et de récit. Ils sont prêts à habiter une nouvelle histoire inspirée par leurs jeux de regard, leurs sorties de champs et les changements de décors. Une expérience de cinéma préhistorique, avant l’histoire.
À chaque projection de ce film muet, un auteur raconte une nouvelle histoire pour ces personnages en direct dans la salle de cinéma. Chacune de ces expériences d’interprétation contient son propre récit, sa propre langue, sa propre subjectivité. 13 versions ont déjà été réalisées avec différents auteurs en Europe et en Asie depuis 2003. Cette nouvelle version Bruxelloise sera écrite et interprétée par Laura Tuillier, en direct dans la salle de cinéma.»(Christelle Lheureux)
Samedi 23 mai 2015 à 22h
Temps japonais
Un film de Jean-Charles Fitoussi
2008, 28 min, vidéo, version internationale
«Choses vues et entendues, au Japon, au gré du vent, et saisies (parce qu’elles m’ont saisi) au moyen d’une caméra miniature d’un téléphone toujours en poches.» (Jean-Charles Fitoussi)
Espoir pour les générations futures
Un film de Jean-Charles Fitoussi
2009, 9 min, vidéo, version internationale
Un petit pas pour l’Homme, un grand pour la Morale et la Vie : le Gouvernement présente au Peuple le premier appareil reproducteur intégralement naturel, respectueux, bio et durable ainsi que le nouvel Homme qui en résulte.
Platform #12
Un film de Cédrick Eymenier
2008, 39 min, version internationale
Musique originale d’Akira Rabelais, Oren Ambarchi et Taylor Deupree
«Tournées et montées entre 2002 et 2008, les treize étapes successives de la série de films Platform dessinent un trajet imaginaire en forme de spirale, rencontrant, ici et ailleurs, les espèces d’espaces de transparence et de logistique dont un Paul Virilio ou un Jean Baudrillard ont pu faire la théorie critique : négation de l’expérience, simulacres d’urbanité dédiées à l’indifférence de l’échange fluant, décors édifiants, sans adhérence et grisants, où s’échouent les mythes futuristes, quand la ville postmoderne semble tout à la fois une fourmilière hors-sol et un château de sable.
À Tokyo, la longue séquence décrivant les méandres infinis de la ville nippone, la caméra comme fixée à la proue du sinueux métro aérien, d’une station à une autre, une onde musicale tenue sans fin épousant les courbes décrites. Immémorial tour de manège dont l’effet de sidération renoue avec ce genre d’attraction filmique très en vogue à la naissance du cinéma, ces premiers travellings par caméras embarquées dans un train et traversant des paysages saisissants de ravins et tunnels. Au bout de l’hallucinant et fantomatique trajet, c’est comme si la fuite du temps s’était elle-même suspendue avec l’arrêt du métro, que nul ne conduit ni n’attend plus. Après cette vue immense (il y a en fait plusieurs plans, mais ne formant qu’une même coulée) qui pourrait marquer le terme utopique ou anéanti de Platform, la ville étendue entre chien et loup apparaîtra comme une succession de natures mortes apaisées, zen, s’achevant dans une zone indistincte entre nature et cité, deux jardiniers préparant une future pelouse en balayant la terre.» (Emeric de Lastens)
Dimanche 24 mai 2015 à 20h
Kessoku
Un film de Cécile Hartmann
2006, 9 min, vidéo, version internationale
Deux lieux se rapprochent dans un mouvement d’alternance et de réversibilité : le centre financier de la bourse de Tokyo et les cratères volcaniques de l’archipel. Les fluctuations économiques se relient aux secousses telluriques à la recherche d’un point d’attache et d’équilibre. Un sentiment de douce inquiétude émerge de cet état de rencontre.Le mot japonais kessoku appartient au vocabulaire politique et indique une coalition ou une solidarité.
Slow Life
Un film de Christian Merlhiot
2012, 74 min, japonais sous-titré français
Kentaro a quitté sa ville natale depuis peu. Il s’est installé dans un village près de Kyoto et travaille dans un atelier de teinture. Il rend de petits services aux habitants et aide les cultivateurs pour les récoltes. Au fil des rencontres et des petits boulots, il découvre de nouveaux modes de vie et s’interroge sur son rôle dans cette communauté où le temps s’écoule autrement. Un jour d’automne ensoleillé, il part avec Yukiko, une vieille dame espiègle et silencieuse, pour une promenade en forêt…
Dimanche 24 mai 2015 à 22h
Focus Shima Shima
Un film de Judith Cahen et Masayasu Eguchi
Film en cours, français et japonais sous-titré français
Notre avenir est-t-il contaminé ? Le film prend la forme d’une rencontre entre deux cinéastes, un Japonais et une Française, qui tentent d’éclairer quelques inquiétudes sur des contaminations invisibles. Avec mélancolie et humour, leur dialogue traverse Fukushima et Hiroshima ainsi que l’imaginaire qui s’y rapporte. Du road movie décalé au film d’anticipation expérimental, ils tiennent compte des strates de représentations accumulées pour en inventer d’autres, ludiques et insolites.