Nulle part est un endroit / Carte blanche à Pascal Beausse

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    Mercredi 15 décembre 2010 à 20h30
    La fémis, 6 rue Francœur – 75018 Paris

    Dans le cadre de l’exposition Nulle part est un endroit au Centre photographique d’Ile-de-France (jusqu’au 19 décembre), Pascal Beausse propose une programmation de vidéos en extension des œuvres exposées à Pontault-Combault.

    Les artistes présentés dans Nulle part est un endroit réalisent des enquêtes sur des réalités territoriales très précisément situées dans la géographie de notre planète. A chacun des lieux qu’ils explorent correspondent des conditions de vie singulières.

    Il s’agit pour eux de porter une attention soutenue à des lieux le plus souvent dévalorisés par les systèmes de représentation dominants. En affirmant une curiosité pour des « ailleurs », non pas exotiques et idéalisés mais des endroits où des formes de vie s’établissent, s’inventent et s’épanouissent. Il s’agit d’affirmer la richesse et la plasticité de tout lieu, en ce qu’il détermine un écosystème unique.

    Une nécessité de réalisme critique rassemble ces artistes travaillant avec la photographie, la vidéo et le son. Faire acte de représentation suppose pour eux de faire appel aux champs cognitifs de la sociologie, de l’anthropologie, de l’ethnologie, de la géographie et de l’histoire. Les modalités plastiques mises en œuvre vont des stratégies et protocoles documentaires jusqu’à des formes poétiques, en passant par la mise en fiction et le récit.

    Nulle part est un endroit, c’est le titre en forme d’oxymore poétique d’une sculpture de Richard Baquié (1952-1996), faite de métal, de photo et de verre, et datée de 1989. Enoncer avec lui que nulle part est un endroit, c’est affirmer que l’utopie doit aujourd’hui se trouver dans la réalité, y être voulue et construite collectivement.

    Pascal Beausse

    Ziad Antar - Safe Sounds

    Border Patrol / Patrulla Fronteriza

    Un film de Gaëlle Cintré
    2010, 8 minutes, vidéo

    En poursuivant son projet de mettre systématiquement en images les paysages routiers, il arrive que la Google Car se retrouve face à de troublantes situations. Ainsi, par endroits au Mexique, elle sillonne les routes longeant le «Mur de la Honte» que les États-Unis érigent pour contenir leur voisin mexicain chez lui. Dans ce contexte précis, on est frappé par la similarité du dispositif de la Google Car et celui des voitures de la Migra américaine, surmontées elles aussi d’appareils de prise de vue. L’esthétique des street views, avec sa parenté militaire, n’est donc pas aussi neutre et documentaire qu’il y paraît. Au contraire, elle devient dans ce contexte une esthétique de la surveillance, de l’intrusion, voire même de la suspicion et révèle la violence latente de ces images.

    Safe Sound

    Un film de Ziad Antar
    2006, 9 minutes, vidéo

    Ziad Antar filme la guerre au Liban depuis le balcon de l’appartement familial, en observant la vie quotidienne tenter de s’organiser malgré le vacarme des bombes.

    Poseur

    Un film de Wen Yang Liu
    2009, 6 minutes, vidéo

    « C’est un film qui retrace le déroulement de travail des poseurs de tombe. Deux jeunes hommes transportent une pierre tombale dans un cimetière de banlieue. Ils soulèvent la pierre avec la grue de leur camion, ils la posent sur le terrain et ensuite ils mettent les fleurs sur la tombe.

    Ce jour-là, il faisait très beau. Les travailleurs ont fait leur travail comme d’habitude. Pour moi, ils sont en train de pratiquer une autre sorte d’enterrement, mais il n’y pas de mort, ni tristesse ni mélancolie. En même temps, le cimetière est transformé totalement en chantier de travail. » W.Y.L.

    Kolkata

    Un film de Benoît Laffiché
    2005, 13 minutes, vidéo

    « Kolkata (Calcutta) a été filmée alors que la ville n’a pas été touchée par le tsunami. Le 26 décembre 2004, Benoît était à Chennai (Kolkata et Chennai sont les deux ports qui relient l’Inde à Port Blair). Il s’est ensuite rendu à Kolkata en espérant la réouverture des Andaman.

    Kolkata est une oeuvre calme, à la gravité méditative, qui peut paraître à mille lieux de l’événement ; elle porte cependant l’empreinte ténue mais persistante d’une tension sous-jacente. L’eau est partout, discrète, en rigoles et coulures. Pas de symbolisme appuyé ; plutôt la trace de l’inconscient du cameraman qui aurait travaillé… » Delphine Descave

    Angola

    Un film de Guillaume Robert
    2007-2009, 50 minutes

    avec Sarah Chaumette, Christophe Dréano, Atsama Lafosse, Raphaëlle Misrahi et Virginie Thomas. Production : Mamie Küsters

    Cette version monobande du projet ANGOLA propose trois plans séquences, trois études filmiques tournés dans la vallée et les causses du Lot en 2007. Le dessin est théâtral, fragmentaire et minimal. Mais en peu de traits il ramasse et l’absurde et le tragique d’un purgatoire sans issu, flottant, pris en tenaille entre une nature idéalisée et la violence (ou la perdition) qui poussent dessus.

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