After Hours on The Dancefloor

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    par Mo Gourmelon

    Fanny Adler élabore ses films à partir de petits riens, des digressions. Elle utilise de la musique ou crée des chansons qu’elle interprète elle-même. Elle suscite du trouble, installe la dilution, la nonchalance, la nostalgie. Quelques indices suffisent à provoquer des envolées, du flottement, du désir suspendu. Des visions sur la plage, des temps étirés transportent After Hours on the Dance Floor. Il est extrêmement tentant de s’immiscer, de se laisser porter par le flux et reflux, les va-et-vient d’images, les scintillements. Fanny Adler joue du désir, mais ne l’illustre pas, ni ne le raconte. Elle fait cligner ses images et module ses chansons, les susurre, les fait vibrer. Beaucoup de suspens s’infiltre dans ses œuvres. D’étranges débuts de lettres adressées à l’intention des ouragans les plus dévastateurs du siècle et qui ont la plupart du temps hérité de prénoms féminins s’inscrivent à l’écran, Correspondance avec le vent. Le vent, cet indomptable. Les hésitations, les erreurs de frappe s’impriment sous nos yeux. Peu à peu se lève le sens de l’apparition de ces noms. Il n’y a pas de message ou le message est la suite d’appellations des ouragans “Juicy Agnes”, “Smelly Flora”,“Where are you Cléo ?”. Le désastre a disparu, reste la candeur. Fanny Adler insuffle sa propre disparition au défilement d’un plan-séquence. En une minute, son nom brodé sur une étiquette s’effiloche et se délite totalement. Une existence si désuète accroché à un fil. Il n’y a rien à ajouter : Tu t’appelles comment déjà ?

    Cahier #2, Espace Croisé 1994 – 2008, 2008

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