Du 30 mai au 8 juillet 2007
Le Grand Palais
En parallèle de l’exposition, « Lignes de partage » propose de matérialiser différentes approches de l’œuvre d’Anselm Kiefer pour permettre au visiteur de construire de nouveaux axes de lecture de l’exposition. Dans cette perspective, l’œuvre de l’artiste est le point de départ d’une série de programmes thématiques où dialoguent des films reliés à une problématique commune.
En écho aux tables rondes du jeudi soir, six thématiques sont définies afin d’amplifier ce dialogue autour de l’œuvre : La monumentalité, Les espaces poétiques, Les cicatrices de l’histoire, Du romantisme aujourd’hui, Énigme et déchiffrement et enfin Où sommes-nous ?
Section 1 : La monumentalité
30 mai – 5 juin
La monumentalité d’une œuvre réside dans un jeu subtil de proportions. Elle introduit toujours un rapport d’échelle, une notion de relativité entre des évènements. Ces films traitent de la démesure comme une torsion du temps, un rapport de confrontation de l’architecture et de l’Histoire qui a aussi profondément marqué le travail d’Anselm Kiefer.
Empire
Un film de Bernard Joisten
2001, 8 min, vidéo
L’économie de marché tourne lentement sur son pivot de chance et de hasard. Les manèges du capital séduisent par nécessité mais aussi par orgueil. Pendant ce temps, dans le microcosme des photomatons japonais, le visage des jeunes filles se prépare au devenir sexuel de la planète…
Norias
Un film de Julien Loustau
2003, 15 min, vidéo
Pendant ce temps, depuis des siècles, les norias tournent. Elles chantent le courant de l’Oronte. Des bords de Seine, un dialogue les rejoint.
Sub
Un film de Julien Loustau
2006, 45 min, vidéo
Le lac Vostok est prisonnier sous les glaces de l’Antarctique, isolé du reste du monde depuis des millions d’années. La seule technologie qui permettrait d’atteindre le lac sans risquer de le contaminer serait le Cryobot, une sonde conçue par la Nasa pour l’exploration d’océans subglaciaires sur Mars. Pendant ce temps en Chine, dans la région des Trois Gorges, on finit de construire le plus grand projet hydroélectrique du monde…
Section 2 : Des espaces poétiques
6 juin – 12 juin
Sont poétiques des œuvres qui établissent un langage, une expression calculée en vue d’effets temporels inédits. Ces films ont pour point commun une extrême attention face au temps et son articulation à des espaces géographiques singuliers. Une manière d’ouvrir le dialogue avec les toiles d’Anselm Kiefer qui sont autant d’espaces poétiques dédiés.
Relay
Un film de Cécile Hartmann
2005, 6 min, vidéo
Dans une ville à l’architecture futuriste, comme sortis d’un rêve, les flux urbains se prolongent dans les mouvements voluptueux de grandes méduses, premières apparitions sur terre de la mobilité.
Kessoku
Un film de Cécile Hartmann
2006, 9 min, vidéo
Deux lieux se rapprochent dans un mouvement d’alternance et de réversibilité : le centre financier de la bourse de Tokyo et les cratères volcaniques de l’archipel des Açores. Les fluctuations économiques se relient aux secousses telluriques à la recherche d’un point d’attache et d’équilibre. Un sentiment de douce inquiétude émerge de cet état de rencontre.
Mer
Un film de Vincent Roux
2002, 3 min, vidéo
Traversée musicale sur la mer Tyrrhénienne. Un jeune garçon dans ses pensées.
Ciel
Un film de Vincent Roux
2002, 2 min, vidéo
La vue en reflet et en musique d’un ciel japonais.
Route
Un film de Vincent Roux
2002, 3 min, vidéo
La vitre d’un bus. Un homme dort face au paysage qui défile. A nos oreilles, la musique de son sommeil.
Les Dormeurs
Un film de Louidgi Beltrame
2006, 13min, vidéo
Une douzaine d’adolescents sont invités à dormir sur des futons dans les coffres de la Former Bank of Japan Hiroshima Branch, un des rares bâtiments qui aient résisté à la déflagration de la bombe atomique. Dans cet espace souterrain, silencieux comme un caisson d’isolation sensoriel, leurs rêves individuels se mélangent en un songe collectif qui déplace la symbolique du bâtiment.
Sea-Side Hotel
Un film de Louidgi Beltrame
2006, 9 min, vidéo
Le fantôme cathodique d’une hôtesse d’agence immobilière présente le projet d’un grand hôtel panoramique abandonné sur le littoral Pacifique au sud du Japon. Ses apparitions rythment la visite du bâtiment depuis le parc envahi par la jungle en passant par la réception dont les rideaux battant au vent semblent attendre d’improbables visiteurs.
Vertige horizontal
Un film de Florence Pezon
2007, 38 min, vidéo
Un homme, Abdel, vit dans le quartier de la Défense. Une voix féminine parle tour à tour en son nom et s’adresse à lui, d’une rive à l’autre d’une ville de l’Europe du Sud.
Section 3 : Les cicatrices de l'histoire
13 juin – 19 juin
D’essence autobiographique, ces films croisent le récit d’un roman familial avec le récit de l’Histoire. Entre fiction et documentaire, ils interrogent la fonction du témoignage et s’attachent à inventer une forme singulière de narration fragmentée. Ces films éclairent d’un jour inédit le travail d’Anselm Kiefer qui est profondément habité par la guerre et les blessures de l’Histoire.
Seule avec la guerre
Un film de Danielle Arbid
2000, 58 min, vidéo
« Beyrouth est une ville formidable. On se croirait au centre de tout. À Beyrouth, entre 1975 et 1990, il y avait une guerre civile, c’est-à-dire que tout le monde voulait exterminer tout le monde. Aujourd’hui, la guerre est finie. Elle s’est arrêtée un jour, comme ça, après avoir gangrené nos vies. J’ai voulu filmer le vide qu’elle a laissé. Sa présence fantomatique. »
Sous le ciel lumineux de son pays natal
Un film de Franssou Prenant
2001, 48 min, 16 mm sur vidéo
Ça se passe à, dans, sous, à travers les trous de Beyrouth, ses béances flottantes, dans la poussière de ce qu’il en reste, restait, car c’est du passé ce Beyrouth qu’on voit, du passé récent, filmé en 1995, avant que le centre ville effondré par la guerre ne soit arasé et reconstruit. Trois filles invisibles comme des esprits, planent sur leur ville dont le ciel lumineux nimbe les souvenirs ; elles rôdent et parlent. Les rêves réalistes de jeunesse militante, pulvérisés par l’enchaînement de catastrophes mal manigancées, se redessinent, se désirent, autrement et sans édulcoration.
Section 4 : Du romantisme aujourd'hui
20 juin – 26 juin
Le Romantisme aujourd’hui évoque la réactivation chez les artistes d’un espace esthétique qui fait de soi un paysage revisité mettant l’accent sur la subjectivité. Un Romantisme comme genre esthétique dont Anselm Kiefer a su redéfinir les codes.
Grégoire
Un film de Philippe Terrier-Hermann
2000, 17 min, vidéo
Les relations humaines d’un couple atypique vivant dans une maison moderniste – la maison Grégoire de Van de Velde.
Angels Camp
Un film d’Emanuelle Antille
2002, 80 min, 16mm sur vidéo
Ce film retrace l’histoire d’une région et de ses habitants. C’est une saga filmée tout au long d’une année au fil des saisons. Cette fiction nous plonge dans la vie d’une dizaine de personnages, leurs rêves et leur destinée. Ensemble, ils sont les gardiens d’une mémoire, celle de ce territoire imaginaire qu’est Angels Camp.
Section 5 : Énigme et déchiffrement
27 juin – 3 juillet
Ces films mettent en scène ces deux notions récurrentes dans le travail d’Anselm Kiefer. Le déchiffrement évoque l’activité de la lecture et d’un sens qui advient peu à peu. L’énigme évoque au contraire des espaces opaques et des strates multipliées, qui font disparaître petit à petit l’évidence logique des choses.
Cryptogramme
Un film d’Érik Bullot
2002, 4 min, vidéo
Des masques d’enfant défilent, associés aux lettres de l’alphabet. Une voix bègue explique le principe de la cryptographie. Le film est lui-même un cryptogramme où les plans sont des lettres.
Rounded with a sleep
Un film de Laurent Montaron
2006, 5 min, vidéo
Ce film retrace l’errance d’un groupe d’adolescents dans un paysage de lande désertique et quasi abstrait. Le groupe isolé se livre à une expérience initiatique, dont le but rituel est de provoquer au travers d’un évanouissement forcé, une modification de l’état de conscience engendrant hallucinations, vertiges et perte de repères.
Readings
Un film de Laurent Montarron
2005, 14 min, vidéo
Une lente progression de la camera emmène notre œil dans chaque recoin de l’observatoire de Meudon. L’environnement est dévoilé au fur et à mesure du récit, en passant de l’ombre à la lumière, révélant ainsi chaque détail de cet espace. L’image est ponctuée de sous-titres reprenant les paroles d’une diseuse de bonne aventure. Ces textes font référence aux astres que l’on étudie à partir de l’observatoire.
Tout est possible
Un film de Laurent Grasso
2002, 16 min, vidéo
Glissant entre les feuilles des arbres, un point de vue étrange suit un homme qui déambule dans une ville que l’on ne voit pas. Une voix hypnotique nous parle en continu, confidence décousue imprégnée de rumeurs, mythologies et mystifications.
Les Noces chymiques
Un film d’Érik Bullot
1999, 17 min, 16 mm sur vidéo
Les yeux bandés, un petit garçon traverse un champ désolé. Une petite fille rêve auprès d’un oncle mystérieux, passeur et magicien. Le jour de leur mariage, un jeune marié et son épouse s’évanouissent et meurent. Un Roi et une Reine sont allongés dans leurs tombes. Sous la forme d’un conte merveilleux, coloré et allégorique, ce film s’inspire des trois étapes de l’œuvre alchimique.
Section 6 : Où sommes-nous ?
4 juillet – 8 juillet
Ces deux films interrogent tout aussi bien la notion d’errance et de territoires que la frontière qui sépare parfois provisoirement la fiction de la réalité, le rêve du réel. C’est aussi l’intime, l’individuel et le singulier qui sont au cœur cette thématique qui touche de près aux préoccupations plastiques d’Anselm Kiefer.
Straight Stories
Un film de Bouchra Khalili
2006, 10 min, vidéo
L’errance dans les zones frontalières ambiguës où géographie physique et imaginaire sont rendues indiscernables.
La visite
Un film de Nicolas Guicheteau
2004, 59 minutes, vidéo
Entre Bruxelles et Paris, où êtes-vous ? Joséphine fait ce trajet à pied. Au travers de rencontres qui le jalonnent, la question se pose : où sommes-nous ?