L’Escale de Guinée

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    1987, 57 min, 16 mm
    Version française

    J’ai passé six mois en Guinée (Conakry), entre février et juillet 1986. Objet nomade, j’y ai tourné, seule, en super 8, des éléments de la vie des gens et des fragments de la mienne. C’était deux ans après la mort de Sékou Touré, et le pays, après deux décennies de fermeture et d’exclusion, était comme resté abandonné dans le temps. Le film n’est pas un documentaire sur la Guinée, pas plus qu’un journal de bord, il est la conjugaison du voyage et de la mémoire, du regard de l’exilé volontaire et de la vie qui mène son train.

    « Je ne me rappelle plus pourquoi j’ai voulu aller à Conakry et pourquoi je me suis tellement entêtée à aller là précisémment. J’espérais un mélange de Bamako et de Djibouti et c’est autre chose et ça rentre doucement dans ma tête et dans mon sang par voie de moustiques. Je mange du riz et je me dis, si on était seulement ce qu’on mange, je serais déjà un autre. Je me demande à quoi pensent les gens toute la journée. Je me demande si, passant par Conakry en vacances, j’aurais fui tout de suite ou si j’aurais aimé connaître et regretté de partir comme d’habitude quand on effleure une ville. C’est bizarre, je suis sensible à de tous petits riens, une odeur et tout se détraque ; j’essaie de ne pas penser : pourquoi je suis là, qu’est ce que je fais là. » (Extrait de la voix off)

    I spent six months in Guinea (Conakry) from February to July 1986. There, alone with my super 8 camera, I shot slices of people’s lives and fragments of mine, a nomadic piece of art. This was two years after Sékou Touré died. Two decades of isolation and exclusion had left the country in a pitiful state, as if abandoned in time. The film is not so much a documentary about Guinea, nor a travel diary as an encounter between travel and memories, between the gaze of the willingly uprooted and the life that keeps flowing by.

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