Soirée Olivier Steiner

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    Mercredi 21 mars 2012 à 20h
    La fémis, Paris

    Cette soirée est organisée à l’occasion de la parution du roman d’Olivier Steiner intitulé Bohème, Éditions Gallimard, Collection Blanche.

    Je ne suis pas cinéaste. Je ne suis pas réalisateur de films. Je crois qu’il y a une façon de penser – ou de rêver – qui est purement cinématographique. Mon rapport à l’image est littéraire. Je fais des vidéos littéraires. Peut-être que ce n’est pas du cinéma, peut-être que c’est un sous-genre du cinéma, une forme impure. Peu m’importe. Pardon pour le truisme mais nous ne sommes plus à l’époque de Proust ou de Balzac. Je veux dire par là qu’on ne peut pas faire l’économie du cinéma ou du phénomène des séries. Même (surtout ?) un écrivain doit avoir un rapport à l’image. Car l’image mouvement a un pouvoir narratif insensé. Récemment j’ai vu la série Homeland et le film Drive. Je me suis dit que la littérature était incapable “de faire la même chose”. Sur le moment j’ai presque douté de la littérature. Puis je me suis rappelé certaines lectures (Ravel de Jean Echenoz, Des Hommes de Laurent Mauvignier, Vies Potentielles de Camille de Toledo, L’Etranger de Camus, Dans ces bras-là de Camille Laurens…) et j’ai réalisé avec bonheur que le cinéma n’aurait pas pu “faire la même chose”. C’est une très bonne nouvelle. Le cinéma a son chemin particulier, sa spécificité, la littérature aussi, l’un n’empêche pas l’autre et quand ils se croisent, je dis que c’est merveilleux. L’avenir de la littérature, c’est le cinéma. L’avenir du cinéma, c’est la littérature.

    Olivier Steiner - LOL

    Lola Valérie Stein

    Un film d’Olivier Steiner
    2010, vidéo, 16 min

    À l’origine il y a cette émission que j’ai produite en 2009 pour France Culture, sorte de documentaire littéraire construit dans le prisme du Ravissement de Lol V. Stein, roman de Marguerite Duras. Ma première idée a été de proposer à Patrice Chéreau de lire (dire) l’avant-dernier chapitre du roman. Pour mon plus grand plaisir il a accepté. Le narrateur du Ravissement est masculin, il s’appelle Jacques Hold, il est l’amant de Lol, il raconte et enquête, c’est un aspect du roman qui est souvent oublié. J’avais entendu aux Gémeaux, scène nationale de Sceaux, une lecture de La Douleur par Dominique Blanc et Patrice Chéreau. Moi qui suis un durassien invétéré, j’avais été surpris, touché par la précision de Chéreau, sa présence, sa façon si peu durassienne de dire Duras, si juste. Après la diffusion de l’émission j’ai eu envie de prolonger cette lecture enregistrée par un film. Sans production, comment faire pour incarner, évoquer Lol ? Comment faire pour mettre des images sans tomber dans l’illustration simpliste ? J’ai fait le rapprochement avec une autre de mes fascinations, celle de Marilyn Monroe et pour être plus précis la Marilyn des Désaxés.

    L’Écorce

    Un film d’Olivier Steiner
    2012, vidéo, 5 min

    Filmer le visage d’Andy Gillet. Ne pas se poser de question. Filmer ce visage comme un paysage. Se faire plaisir. Telle a été l’idée – l’envie – première. Filmer la peau, toucher du regard, jusqu’à l’abstraction. Comme une évidence, donner à entendre quelques passages d’Ecorces, le magnifique livre de Georges Didi-Huberman. Car certains mots font matière. Il n’y a rien à comprendre.

    Je peux / – Oui

    Un film d’Yves-Noël Genod
    2011, vidéo, 15 min

    Un des plus beaux spectacles que j’aurais vu en 2011, Je Peux / – Oui, d’Yves-Noël Genod au Théâtre de la Cité Internationale. Irrévérencieux, inventif, libre, poétique, frais, neuf, romantique, crash, sexy, girly, grave et léger, actif et méditatif, le théâtre d’Yves-Noël est tout cela à la fois.
    Généralement le théâtre filmé n’a aucun intérêt, c’est même souvent une hérésie. Mais là, avec cette vidéo, nous sommes ailleurs, comme emportés. Filmé par César Vayssié, c’est un voyage dans l’univers de Genod qui est proposé, au plus près des acteurs : Marlène Saldana, Sigrid Bouazig, Jean-Paul Muel, Nicolas Maury, Bram Droulers et Marcus Vigneron-Coudray.

    Je serai un siècle puis une seconde où tout s’achève

    Un film d’Emmanuel Lagarrigue
    2012, vidéo, 35 min

    D’abord un lieu, un espace clos, celui d’un atelier-usine à Beauvais. Puis trois corps, trois présences. Katarzyna Krotki, Dimitri Jourde et Irène Jacob. Des mots, des voix, du silence. Trois directions qui se multiplient et se croisent. Tel fut notre point de départ.
    « Je crois qu’il n’y a pas d’idées, pas de thème, de sujet, d’objet, d’espace privé, ça n’existe pas. Il n’y a que des personnes et des choses, des faits, des grands et des petits, il y a vous, il y a moi, de la vie qui passe au travers, nos actes, qui irriguent tout, discrètement, des regards, des gestes, des intentions à travers le tamis des petits riens si petits qu’on ne peut rien en dire. »

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